Depuis deux ou trois ans les serious games sont devenus l’apanage de la formation professionnelle. L’un ne va plus sans l’autre. Les startups de l’Edtech s’attaquent de plus en plus aux problématiques et aux opportunités des serious games en proposant des modèles et solutions clés en main aux entreprises, aux centres de formation et même aux institutions de l’enseignement supérieur.
Mais pourquoi ? POURQUOI ? POURQUOI EST-CE DEVENU SI MAINSTREAM ?
Si l’on observe uniquement le sommet de l’iceberg, on ne peut qu’être lassé de lire serious game par ci, learning par là, soft skill là bas. En réalité, cette méthode pédagogique se trouve être bien plus intéressante que cela.
De plus, je peux vous le dire, les serious games sont une méthode d’évaluation extrêmement efficace ! Alors commençons par le commencement, voulez-vous ?
Rien qu’à ce stade, on peut très vite mais alors très vite se tromper et partir sur de mauvaises bases sur les serious games. Au niveau national, sur éduscol, la plupart des définitions données des serious games précisent leur caractère informatique, numérique, tiré des jeux vidéos.
Pour ce faire, l’article cite de nombreux auteurs ainsi que des définitions venant de plusieurs ressources …
On retrouve le même type de définition au travers de nombreux sites web. Mais j’ai envie de dire : “Numérique ? Jeu vidéo ? Seulement ? À quel moment en fait ?”
Il faut savoir, et là la plupart des ressources ont raison, que le serious game est avant tout un jeu à caractère pédagogique, ludique et informatif. L’apprentissage est censé être accéléré grâce au jeu.
Alors oui, le terme de serious game serait apparu il y a une quinzaine d’années dans le milieu militaire à partir d’outils numériques, mais en tant que tel, en tant que méthode, le serious game n’est pas nécessairement digital ou une app.
Des jeux de rôles, des simulations, des jeux vidéos ou jeux de société, tous sont des serious games. Passons à la suite.
Que recherchons-nous lors d’une évaluation ? On cherche à observer la progression d’un apprenant dans son acquisition de compétences. On attend un feedback de la part de l’apprenant en quelques sortes. Quoi de mieux que d’avoir ce feedback sans attendre la correction ? De l’avoir en direct live ! EN LIVE !
Les serious games offrent cette possibilité, qu’ils soient offline ou online. Pourquoi ? En mettant en situation le ou les apprenants, ceux-ci mettent en application les compétences et connaissances que les différents jeux leur demandent de démontrer afin de les terminer.
Offline, il sera nécessaire d’observer les apprenants tout au long du jeu. On optera donc pour des évaluations continues (ou ponctuelles) en petits groupes (moins de trente personnes)
Online, on fixe les conditions de notation (nombre de pièces obtenues, nombre de niveaux passés, nombre de quêtes résolues, équipe avec la meilleure moyenne etc.) au préalable et on peut très bien laisser faire les apprenants sur le jeu. Un intervenant ou un accompagnateur peut être utile afin de faire le bilan sur les différentes expériences. Mais globalement on ne trouve pas de limite au nombre de participants (dans la mesure du réel).
Les “jeux sérieux” ne permettent pas en soit d’améliorer l’apprentissage. Cependant, il a été observé qu’ils amélioraient grandement l’engagement et la motivation des apprenants. Ça c’est grâce à l’aspect ludique du game. En effet, encadrer les apprenants en une situation de jeu permet de faire baisser la pression, voire de faire disparaître le stress grâce à un environnement confortable et clair.
La majorité du temps, les jeux sérieux (serious games ça claque quand même un peu plus) sont joués en équipe, ce qui permet de favoriser l’esprit d’équipe et les liens sociaux à l’université ou en formation. Bah oui une évaluation ça se travaille, même quand on parle de jeu ! Bien qu’une intégration sociale ne soit pas garantie le jeu permet ici de créer un environnement sain, bienveillant et collaboratif.
Je saute sur l’occasion pour vous rappeler à quel point la contextualisation des évaluations est importante afin de s’assurer de permettre à l’apprenant d’illustrer ses capacités et ses compétences. Alors voilà une deuxième raison d’utiliser les serious games dans vos évaluations de compétences et de connaissances.
Avec ce genre de jeux, il est on ne peut plus facile d’évaluer les compétences techniques ou créatives d’un apprenant. Il est aussi facile de mesurer l’habileté d’un individu seul comme dans un groupe. Il est aussi possible la coordination d’une équipe, la répartition des rôles.
En effet, il suffit d’un peu de créativité pour adapter les règles, jouer avec des symboles, ou créer tout simplement un jeu de toute pièce (là ça devient quand même compliqué lorsqu’on parle de jeu vidéo) et ça ne devrait pas poser trop de problème.
Il vous suffit d’entrer ces données d’apprentissage, ou bien des notes, perçues à la fin d’un jeu test dans un outil de suivi d’apprentissage et c’est parti ! Vous venez d’observer pour la première nettement le processus d’apprentissage d’un individu sur son lieu de travail ou à l’université … ou à l’école comme vous voulez.
Ma main à couper qu’il y a des joueurs compétitifs ou bien curieux parmi les lecteurs de cet article ! Qu’on perde ou qu’on gagne un jeu on se pose toujours les questions suivantes : “Comment faire mieux ?” ou “Comment faire pour m’améliorer voire gagner à la prochaine partie ?”
Ce n’est pas nécessairement de l’obsession mais plutôt le résultat d’une immersion évidente pendant un laps de temps défini. Là-dessus je demande de l’aide aux spécialistes de la mémoire, du cerveau ou plus largement aux spécialistes des sciences cognitives. Serait-il possible que l’aspect intense du jeu facilite le fonctionnement de notre mémoire ?
Serait-il possible qu’ils favorisent ainsi notre mémoire sémantique (si je ne me trompe pas, tout ce qui est relatif au savoir et à la mémoire long terme) et ainsi notre développement personnel ?
Si c’est le cas, chapeau bas !
Ce qui est sûr, c’est que le jeu nous pousse à faire le bilan avec nous-mêmes, à revenir sur différents moments que l’on a pu vivre, en conclure de nos compétences et nos aptitudes et à dresser un plan d’action pour s’améliorer.
Ne catégorisez pas les serious games uniquement comme des jeux vidéos ou numériques. Si vous le faites, vous vous fermerez des portes. Les serious games font des évaluations de véritables boost pour l’apprentissage. Avec un peu de créativité de votre part, vous pouvez instaurer un véritable cercle vertueux chez les apprenants en équipe ou individuellement.
Évidemment, il ne faut pas abuser des bonnes choses, aussi, multiplier l’usage des serious games sur la majorité des formats d’évaluation aura une répercussion négative sur 1) leur apport à l’apprentissage ou 2) sur votre observation des progrès des apprenants.