Comment mieux évaluer les apprenants ?

Nous l’avions démontré dans ce livre blanc, évaluer les apprenants peut mener à de nombreuses problématiques : stress, régression de l’apprentissage, il est nécessaire de comprendre pourquoi la note et l’évaluation sont problématiques.

Doit-on arrêter de noter ? Doit-on évaluer autrement ?

Les problèmes

Évaluer est devenu problématique. Entre 30 et 40% des étudiants américains sont victimes d’anxiété dû aux examens. Dans l’Enseignement supérieur français, on passe à 51%.

On observe aussi un schisme entre apprentissage et notation. Dès le secondaire et jusque la fin de l’université, un apprenant a plus de chance de se fixer uniquement sur sa note, considérée comme la récompense finale, plutôt que sur les commentaires qui lui sont adressés.

À l’approche des examens, on bachote plutôt que de suivre un processus continu d’intégration du savoir et des compétences. En France, pourtant, il est demandé aux professeurs et administrations de placer les compétences au-dessus des notes. Depuis les réformes des lycées, on voit même les contrôles continu prendre une place prépondérante dans l’obtention du baccalauréat.

Néanmoins, “les enseignants français venant d’intégrer le système ne sont pas formés ou ne cherche pas assez à se former à ces nouvelles méthodes typiquement scandinaves,” explique Aurore Tondelier, professeure de collège.

On fait face à un changement brutal d’époque dans l’Éducation, ou passé et futur coexistent et apportent leur lot de contradiction.

Arrêter les notes ?

Les notes sont de plus en plus remises en question. Certains mouvements tels que Teachers Throwing Out Grades proposent la disparition des notes ou bien une réforme de celles-ci. Il est vrai, les notes existent bel et bien tout au long de l’apprentissage, scolaire, universitaire, professionnel, il serait donc difficile de tout arrêter, néanmoins revoir leur poids ou même le nombre d’évaluations notées peut paraître intéressant !

En Finlande, aucun apprenant ne reçoit de notes avant l’équivalent du baccalauréat, c’est pour dire.

Évaluer est un exercice pédagogique qui nécessite le même effort que la production d’un cours. Aussi, s’il a clairement été prouvé que varier les formats de cours était propice à l’engagement et l’active learning, varier les formats d’évaluations peut l’être aussi.

Évaluation entre pairs, évaluation et notation classique, auto-notation, évaluation de projet, test de positionnement, rapport d’apprentissage etc. Ce sont autant de formats à utiliser à travers un même cycle d’apprentissage.

Le hic, évidemment, est que cela nécessite plus d’engagement de la part de l’équipe pédagogique, des enseignants, professeurs ou formateurs. C’est là qu’une formation continue pour ceux-ci se révèle être essentielle.

(Mieux) Contextualiser l’évaluation et la note

Un des facteurs les plus importants est celui du contexte de la présentation d’une note ou d’une évaluation. En effet, selon Svetlana Meyer, responsable scientifique chez Didask et chercheuse en science cognitive, le comportement des formateurs et le contexte de l’évaluation déterminent la performance de l’apprenant dans un premier temps, mais surtout son rapport à l’évaluation de manière plus globale.

C’est donc au formateur de détendre l’atmosphère ou de la clarifier afin qu’il n’y ait pas de piège ni de menace perçus pour l’apprenant. “Si l’on est dans un contexte bienveillant, avec des formateurs et formatrices qui valorisent le progrès, qui ne sont pas dans le jugement de valeur, et qu’on propose à des apprenants un test présenté comme un diagnostique dont les données sont seulement à disposition de l’apprenant, là l’évaluation ne suscitera pas de perception de menace” affirme Svetlana Meyer ; on peut dire que l’apprenant sera donc plus à l’aise, plus honnête avec son savoir, son expérience et retranscrira ceux-ci sur un test donné.

Quand on prend en compte l’importance du contexte et de la perception, on réalise très vite qu’aujourd’hui, on est encore loin d’un climat idéal pour les apprenants. Une pression notable est mise sur ce dernier, qui doit à tout prix atteindre un score pour s’élever dans une hiérarchie sociale a posteriori.

C’est une affaire de système. Réintroduire les loups à Yellowstone a finit par refaire vivre une biodiversité dans le parc ainsi qu’à changer le cours des rivières. Dans le cas des évaluations, une petite habitude, un contexte, une phrase, une posture peut changer tout le système, le rapport de l’apprenant face à son apprentissage !