Gérer les accréditations : Conseils de Dr Keith Pond

Être accrédité devient une activité des plus importantes à entreprendre désormais, notamment pour les écoles en quête de renommée et de développement international. Évidemment, la tâche n’est pas simple pour les deans de ces écoles, bien au contraire. Le plus complexe dans l’affaire, c’est l’Assurance of Learning (AoL) et l’amélioration continue. Un objectif clé qu’il faut pouvoir prouver aux comités de revue des différentes accréditations. Le prouver c’est être accrédité.

Comment ? Tout est question d’implémenter des process efficaces. On ne se le cache pas, c’est compliqué. Pour les professeurs notamment, pour les managers d’accréditation encore plus !

On a posé la question à une soixantaine de ces managers. Résultat : 83,3% d’entre eux affirment que la la phase d’implémentation des processus et de collection de données est la plus difficile du voyage vers l’accréditation. De plus, 37% disent que la difficulté vient de la communication avec les professeurs et la transmission de données. La collection de données en tant que telle, est pour 51% le véritable enjeu de la profession.

On a tenté d’en savoir plus auprès de Keith Pond, Directeur de l’accréditation EOCCS et Senior Lecturer à l’Université Lougborough.

L’accreditation management reste un poste assez récent dans l’Éducation supérieure et avec l’entrée fulgurante de la tech dans le milieu, on peut déjà s’attendre à une évolution de celui-ci, affirme le directeur de l’accréditation.

Le brand strategist

Pour commencer, il faut savoir que les gestionnaires d’accréditations ont accès à beaucoup de données qu’ils doivent collecter, centraliser, organiser et mettre en forme pour la direction. L’objectif étant de faciliter la visualisation des données et, à posteriori, le processus d’accréditation.

“Avoir accès à la donnée, c’est très bien, mais qu’en faites vous,” questionne Keith Pond, le directeur de la jeune accréditation EOCCS. éLes managers d’accréditation se démarquent de cette manière, dans l’utilisation de la donnée. Aussi, ils peuvent agir de manière proactive dans les décisions managériales.”

On imagine rapidement l’ampleur de la tâche et l’importance de la fonction “d’avant garde, de stratège des écoles”, ajoute Keith Pond.

“L’Éducation supérieure se comporte de plus en plus comme un marché. C’est pourquoi les managers doivent se montrer stratégiques avec leurs choix d’accréditations. Il est l’acteur qui doit savoir comment exposer l’école dans tous ses atouts,” affirme t-il.

En effet, chaque accréditation a un impact sur l’identité d’une école et son développement. Élite, éthique, innovante, eco-friendly ? Aussi, mieux choisir ses accréditations en fonction de ses objectifs c’est assurer une crédibilité, une conformité entre la marque et ce qu’elle fait.

“Aujourd’hui, les données collectées par l’accreditation manager sont utilisées par les équipes marketing des écoles,” explique Keith Pond, “la fonction devient ainsi de plus en plus clé pour le développement d’une institution.”

Plus d’implication dans l’expérience d’apprentissage

Savoir mesurer des metrics, qu’elles soient des données qualitatives ou quantitatives, est au centre de l’Assurance of Learning (AoL).

L’AoL est un processus d’amélioration continue de l’apprentissage. C’est aussi une sorte d’indicateur de qualité d’apprentissage, ce qui ne peut pas toujours se mesurer en chiffre exact. Aussi, affirme Pond “collecter des données c’est bien, mais qu’en faites-vous ensuite ?”

“Chez EQUIS, les accreditation managers doivent se montrer capable de proposer des moyens d’améliorer l’apprentissage à partir des informations collectées.”

“Alors ça devient une évidence, les gestionnaires d’accréditation prennent une place de plus en plus importante dans des dimensions très diverses de l’école,” affirme Keith Pond.

Autrement dit, il devient maintenant crucial pour les directions de revoir la place de ces gestionnaires et de les mettre un peu plus au centre des décisions et stratégies.

Ce n’est pas une mince affaire, on s’entend. Cette position fait face à beaucoup de problématiques et peu de reconnaissances au sein des écoles de commerce et universités.

“Les managers d’accréditations sont beaucoup plus importants qu’ils ne l’ont jamais été, mais je ne suis pas sûr que les directions soient prêtes à mettre académiques et administrateurs sur un même pied d’égalité. Vous avez les administrateurs là et les académiques au-dessus,” raconte Pond.

En effet, selon notre étude menée sur une soixantaine de gestionnaires d’accréditation, la principale raison qui rendait la collection des données difficile était la communication avec les autres acteurs du pipe, notamment les professeurs : trop long, peu d’écoute, difficulté de rassembler.

Le game changer

En conclusion, le poste de responsable de l’accréditation, en évolution constante, va gagner en importance dans les structures des écoles. Il est dans l’intérêt de ces écoles de les aider à faciliter la prise de décision, l’analyse et l’utilisation des données d’apprentissage pour les AoL.

L’innovation et la technologie peuvent y jouer un rôle. C’est l’une des visions d’EOCCS. Les initiatives plus innovantes des écoles aident à accomplir deux choses : améliorer l’apprentissage et faciliter la prise de décision.

C’est là que les outils technologiques peuvent aider, non pas en essayant de remplacer la pédagogie et de déclencher la “dark version d’une éducation basée sur la technologie”, comme le dit Keith Pond, mais en aidant les universitaires et les administrateurs tels que les responsables d’accréditation à améliorer l’expérience d’apprentissage.

Dans ce dernier cas, cela signifierait lui faire gagner du temps pour faciliter la collecte de données, lui en laissant plus pour se concentrer sur le grand défi : “que faire avec les données”.

Si vous êtes un responsable d’accréditation et que vous vous sentez parfois dans des moments difficiles, n’ayez crainte, votre voyage est rempli de promesses et risque de réserver bien des surprises en termes de possibilités d’action.

Keith Pond est directeur de l’accréditation EOCCS et maître de conférences à l’Université de Loughborough. Keith est un véritable puit de connaissances qui croit profondément en un changement vers une Éducation plus innovante. Ses histoires et ses aventures avec EOCCS sont une source d’inspiration pour tous les universitaires et les responsables d’accréditation à la recherche d’une amélioration de l’apprentissage de leurs étudiants.