Soft skills, soft skills, soft skills ! On nous bassine presque avec ces fameuses compétences douces qui doivent maintenant être une nouvelle priorité de l’enseignement.
Les apprenants doivent avoir l’esprit critique, doivent être empathique, coopératif … Évidemment pas tout à la fois. Dans le milieu professionnel, une entreprise sera à la recherche d’un certain profil doté de certaines compétences pour accéder à certain poste.
Si les soft skills sont devenu une priorité d’abord dans le secteur de la formation, aujourd’hui on les retrouve prioritaires dans tous les secteurs de l’éducation. Dans le supérieur notamment où l’un des objectifs de ces établissements est de former les jeunes à leur carrière professionnelle. En effet, Laure Bertrand, enseignante-chercheure et directrice du département soft skills et transversalité, l’affirmait dans cette interview : “Aujourd’hui, la maîtrise des “soft skill” est un enjeu pour l’employabilité des jeunes.”
Au-delà du supérieur, c’est jusqu’à la tendre enfance que se joue l’apprentissage de ces compétences et pas seulement à l’école !
Jusque là, tout va bien. On voit apparaître nombre de formations et méthodes pédagogiques adaptées aux soft skills afin de les enseigner efficacement. Mais qu’en est-il de l’évaluation ? Comment juger de l’acquisition de compétences aussi vagues et difficiles à observer à un moment T chez l’apprenant ? Aujourd’hui, même dans le milieu de la formation professionnelle, la tâche reste ardue.
Alors lançons-nous dans le sujet.
Avant de décider quel format utiliser il faudra prendre en compte deux éléments. Le premier est d’établir le ou les objectifs d’une session d’apprentissage. En effet, sans les avoir formulés, sans s’être mis d’accord à ce sujet, vous ne pourrez avancer dans vos méthodes.
Par exemple, vous vous attendez à faire de vos apprenants, à travers cette formation, des personnes capables de réaliser des vidéo essays. D’accord mais à quel niveau ? Au niveau de la réalisation, du montage, du script ou de la communication ? Ou bien tous ces critères réunis ? Décomposez vos objectifs pour vous assurer d’établir une cohérence dans le parcours que vous leur proposerez.
Ensuite, vient le second élément à prendre en compte : le test de positionnement. En effet, il vous faudra un outil qui vous permettra de baliser correctement l’efficacité de la formation dans son ensemble. Le test de postionnement, proposé à l’apprenant avant et après la formation offre justement cela. Cool !
Désormais, parlons évaluation. Avant d’opter pour une évaluation et un format particulier, posez vous la question : “quelle compétence dois-je tester et pourquoi ?” Clarifier cela vous facilitera le travail pour la suite.
Exemple tout bête. Vous enseignez les “Relations Internationales”, disons les fonctionnements stratégiques et politiques de la Maison Blanche. Vous avez pour objectif d’enseigner aux apprenants un certain nombre de connaissances historiques et politiques à ce sujet.
Mais vous devez aussi y intégrer des soft skills. Plus particulièrement, des compétences d’éloquence, d’esprit critique et de travail d’équipe. vous optez pour une formation continue et décidez de diviser l’évaluation de ces trois compétences douces en trois périodes tout au long de la formation afin de faciliter vos observations.
Quelle compétence tester lors de l’évaluation X ? Pourquoi celle-ci ?
Vous partez sur l’éloquence et donnez vos raisons sur votre dossier de stratégie d’évaluation. Mais plus encore, comment tester l’éloquence ?
AH ! Bingo !
Lâchez votre créativité et proposez un format d’évaluation qui pourra faciliter votre travail d’observation et qui vous permettra de juger si oui ou non, avec l’aide de notes ou non, un apprenant a acquis ces compétences.
Commençons par choisir les soft skills. Prenons les soft skills les plus demandées: motivation, adaptation au changement et organisation.
La motivation est une compétence qui peut être perçue généralement en groupe, lorsqu’un obstacle, une difficulté est perçue par le groupe, la motivation peut être insufflée par une ou plusieurs personnes agissant en leader. C’est du moins une manière efficace de l’observer et l’évaluer.
Au niveau de l’apprenant individuel, on peut observer sa capacité motivatrice lorsqu’il fait face à des challenges. Il suffit donc d’en proposer.
Pour cette soft skill, on optera pour une évaluation continue afin d’entretenir une observation précise des apprenants. Plus précisément, on peut proposer à un ou plusieurs apprenant un rapport, un exposé, un suivi, une résolution de problèmes, tous ces formats devant porter sur des sujets complexes.
Concernant la collecte de données à ce sujet, un formateur ou enseignant peut analyser les discussions d’une équipe sur un forum ou le LMS, peut demander des retours d’expériences et des feedback entre pairs, ou proposer des rendez-vous avec les différents groupes.
Concernant l’adaptation, celle-ci s’observe lorsqu’on sort un apprenant de sa zone de confort et qu’on l’invite à atteindre des objectifs dans un environnement physique, social ou intellectuel différent de ses habitudes. Là, on observe la capacité de l’apprenant à comprendre et à se montrer pro-actif face à ses objectifs.
Comment évaluer l’adaptation ? On peut opter à nouveau pour une évaluation alternative comme le jeu de rôle. En effet, le jeu de rôle peut s’effectuer sur une ou plusieurs séances et peut englober toute une classe d’apprenants.
À vous de déterminer le niveau de complexité afin de pousser les apprenants à vraiment s’adapter (pourquoi pas proposer l’utilisation d’une langue étrangère précise pendant les sessions). Il vous suffit de prêter attention au test de positionnement effectué en début de cours pour vous décider.
Les simulations des Nations Unies, par exemple, sont des exemples parfait d’évaluation des apprenants qui doivent s’adapter au pays qu’ils devront représenter lors d’une séance de l’Assemblée générale de l’ONU, en plus de s’adapter aux protocoles de cette institution.
Effectuez ici vos analyses par l’observation et notez les afin de juger de l’acquisition des compétences.
Enfin, qu’en est-il de l’organisation ? Bon l’organisation paraît plus simple à définir et à observer. C’est la capacité d’un apprenant à mener à bien un projet de qualité sans retard. À ce niveau là, il suffit par exemple de proposer plusieurs travaux individuels à faire à la maison selon le choix de l’apprenant par exemple. La qualité du travail et l’assiduité de l’apprenant prouvera sa maîtrise de la compétence.
Présenter ses soft skills lors de sa candidature passe aussi par les mettre en forme dans son CV, des outils en ligne comme Fisio permettent de réaliser en quelques clics une mise en forme professionnelle
Alors évidemment, il existe de nombreux formats d’évaluation pour ces compétences, ce ne sont là que des exemples.
En conclusion, le but de cet article est de vous illustrer à quel point intégrer l’évaluation dans la réflexion pédagogique est important, tout particulièrement avec les soft skills. En effet, nous sommes maintenant dans un paradigme, l’enseignement supérieur multiplient leurs engagements envers les compétences douces.
Côté formation pro, les réformes de lois accompagnent les changements d’habitudes. Chaque entreprise PME et plus grandes se devront de constituer une stratégie de formation afin d’assurer la prise en compétences et l’employabilité des employés.
Par conséquent, il vaudra mieux pour nous tous de savoir comment évaluer toute une population d’apprenants !