Hybrid Jobs : la crise de l’Enseignement supérieur ?

Bon la crise, on y va peut être un peu fort … quoique. On ne va pas rabâcher la même histoire sur l’impact qu’a pu avoir la tech sur nos manières de se comporter, de vivre, de consommer et d’apprendre tant il est considérable. Cette histoire on peut la lire tous les jours.

Les emplois aussi en prennent un sacré coup. “C’est la faute de l’IA tout ça !” ou “les robots nous envahissent !” sont deux exclamations qu’on a certainement tous déjà entendu plus d’une fois.

Pour ou contre, comme vous le souhaitez. Le fait est que le développement de nouvelles technologies et de nouvelles manières de travailler facilitent les actions et les tâches de tout un chacun … jusqu’à supprimer des fonctions aujourd’hui considérées comme obsolètes.

800 millions de jobs sont à risque, insiste McKinsey. Nous on dit “Calma, lisez bien. Des emplois détruits c’est aussi 3 fois plus d’emplois créés.”

Les Hybrid jobs

Ces emplois créés, ils ont un nom : on les appelle les Hybrid jobs. Et vingt dieux, on en voit de nouveaux tous les jours. D’où ils sortent ? D’un contexte technologique précis et d’un besoin de telle ou telle nouvelle position dans les nouveaux types d’organisation et process internes.

La solution d’analyse Burning Glass Technologies a concocté un petit dossier à ce sujet pour mieux comprendre ces nouveaux emplois et, surtout, à quelle vitesse leur demande croît (plus de 250 000 demandes sans réponses l’année dernière).

Le truc, parce que forcément, il y a un truc, c’est que ces positions ouvertes sont caractérisées par un contexte technologique extrêmement variable, voire volatile, suivant des tendances allant à toute allure.

Les répondants compétents ont donc des profils plus pragmatiques, à jour sur ces changements de tech et surtout surtout (!) des personnes capables de s’adapter rapidement. On parle là de l’utilisation de nouveaux outils ou de nouvelles manières de travailler (varier les équipes de travail etc.).

Le problème dans l’Enseignement supérieur

Dans l’Enseignement supérieur, on s’entend, la rapidité d’exécution et d’adaptation aux nouveaux contextes technologiques reste un point faible. Des efforts sont produits, c’est sûr et la situation s’améliore !

Mais le véritable soucis est que n’importe quelle compétence apprise par un étudiant à un moment T est obsolète sur le marché du travail.

Paradoxal mon cher Watson, alors qu’une des missions principales de l’éducation supérieure, comme le décrivent Bo Xing et Tshilidzi Marwala, est de “permettre aux étudiants d’accéder aux dernières innovations et connaissances.”

Il n’est même pas question du développement d’un esprit critique chez l’apprenant quand des études montrent que les étudiants tendent plutôt à ressortir des termes donnés par les professeurs en cours.

L’obsolescence des compétences par rapport aux demandes du marché n’est pas absolue. Toutes les entreprises n’ont pas atteint leur potentiel technologique, mais c’est le cas pour les entreprises les plus performantes et les plus ouvertes aux ambitions et perspectives d’évolution.

Mazette !

Attention ! Il n’est pas question de mettre la faute sur le diplôme ou l’institution, ceux-ci étant des véritables laissez passer pour plus de 70% des entreprises (à noter cependant qu’il ne l’est plus pour certaines boîtes à succès).

Il est néanmoins grand temps de réformer le système comme on peut afin de proposer un modèle d’école/université aptes à proposer une éducation constamment mise à jour avec les demandes du marché. Le besoin est urgent, surtout quand des spécialistes tels que Clayton Christensen affirment que d’ici 10 à 15 ans, au moins 50% des 4,000 colleges américains auront déclarées banqueroute.

Aider les apprenants à être proactifs

De nombreux modèles sont développés et utilisés aujourd’hui sur du K12 ou en formation professionnelle. Des modèles qu’il faut adapter au secteur de l’enseignement supérieur. On pense à la classe inversée, au project based learning finlandais (ou apprentissage basé sur le projet), ou encore aux innovation classrooms.

À cela s’ajoute de nombreux outils tels que les eportfolios, offrant la possibilité aux apprenants de prendre l’ascendant, d’établir un plan rationnel, une logique, de leur parcours académique et professionnel.

Des transformations des organisations internes et des processus

La mise en jour des connaissances transmises dans l’enseignement supérieur est lente. Selon David Arnoux, de l’académie néerlandaise Growth Tribe “Les curriculum prennent plusieurs années à changer.”

Accélérer tout cela est une tâche compliquée, il est vrai, mais elle est nécessaire afin d’assurer un apprentissage de compétences ayant un réel impact dès la sortie de l’école dans la vie professionnelle.

Si une veille des nouvelles technologies et compétences doit être appliquée, soit, allons-y. Il faut des équipes dédiées à ce but.

Les learning designers, professeurs et administrateurs des institutions tels que les gestionnaires d’accréditations doivent être au point et formés aux nouvelles technologies.

Une fois la transformation opérée, de nouveaux rôles, des hybrid jobs, apparaîtront au sein des universités alors que d’autres, déjà existantes, prendront plus d’ampleur.

Conclusion : le contexte est déjà là

Nous en avions parlé avec le Dr Keith Pond, Directeur d’EOCCS. Aujourd’hui encore, les administrateurs et autres acteurs pédagogiques restent moins écoutés que les professeurs/chercheurs.

Cela est dû à une longue tradition selon laquelle l’Enseignement supérieur privilégie la recherche à la pédagogie.

Le paradigme change, on le sait. Les accréditations internationales telles que l’AACSB ou encore EQUIS on enclenché le pas dès 2016, promouvant l’innovation et un focus sur l’apprentissage et la pédagogie, via l’Assurance of Learning notamment.

Alors bon la crise de l’enseignement supérieur, on y va peut être un fort … Disons plutôt qu’elle arrive à un carrefour auquel une décision claire, nette et impactante doit être prise.

Surtout si ce secteur veut être
1) en mesure d’aider ses apprenants à rattraper le retard technologique
2) leur permettre de développer une adaptabilité sans faille ainsi que des compétences qui les aideront à continuer à se développer tout au long de la suite du parcours.

Un white paper est actuellement en cours de conception sur ce sujet afin de vous apporter plus de détails, plus de concret à ce sujet !