La Corée du Sud cherche à donner une plus grande place à l’intelligence artificielle dans le domaine de l’enseignement. L’IA pourrait ainsi être utilisée pour adapter le contenu pédagogique en fonction du niveau des élèves, et ce, dès la prochaine rentrée en mars 2025. Mais ce projet rencontre encore une opposition. Explications.
Des contenus adaptés pour personnaliser l’expérience d’apprentissage
Vers un apprentissage adaptatif pour répondre à de nouvelles exigences
En Corée du Sud, le modèle éducatif actuel est confronté à plusieurs difficultés : une forte concurrence pour entrer à l’université, et un marché du travail de plus en plus exigeant. Le ministère de l’Éducation s’est lancé dans une stratégie de transformation numérique pour que l’enseignement puisse être plus flexible, notamment avec des outils disponibles en ligne, et plus adapté aux différents niveaux des élèves.
L’un des éléments de cette stratégie consiste à remplacer les manuels éducatifs traditionnels par des supports numériques. Ces derniers sont associés à l’intelligence artificielle afin de personnaliser l’apprentissage. Cela ne concerne, dans un premier temps, que trois matières : l’anglais, les mathématiques et l’informatique. D’autres devraient suivre, comme l’histoire ou le coréen.
Quatre niveaux scolaires sont concernés : les niveaux 3 et 4 à l’école élémentaire, le niveau 1 au collège et le niveau 1 au lycée. Cela équivaut, en France, aux classes de CE2, de CM1, de 5e et de seconde.
Limiter les décrochages scolaires, ajuster la difficulté : comment l’IA est-elle utilisée ?
L’intelligence artificielle doit servir à adapter la difficulté de l’enseignement en fonction des performances et des lacunes de chaque élève. Lorsque l’élève présente des connaissances ou des capacités d’apprentissage suffisantes dans une matière, l’IA relève le niveau de difficulté des exercices ou des explications. Et dans le cas où l’apprentissage est plus compliqué pour un élève, l’IA ajuste le rythme pour mieux répondre à ses besoins spécifiques.
Selon l’agence de presse coréenne Yonhap, l’IA doit permettre « d’éviter les décrochages scolaires ». Le rôle des enseignants évolue aussi : les tâches de routine, comme la correction des exercices, sont dévolues à l’IA comme le propose TestWe IA. Les enseignants peuvent ainsi se concentrer davantage sur le mentorat et l’accompagnement des élèves. Enfin, l’IA leur assure un retour d’informations continu et en temps réel sur les performances des élèves.
Cet apprentissage adaptatif s’accompagne notamment d’une formation des enseignants, pour que l’IA puisse être utilisé en classe. Coût de la transformation : 740 millions de dollars sur trois ans (source Worldbank.org), entre 2024 et 2026.
L’Assemblée nationale sud-coréenne donne un coup de frein au projet
L’arrivée des nouveaux manuels numériques sur les bancs des écoles coréennes n’est néanmoins pas tout à fait gagnée. L’Assemblée nationale sud-coréenne a voté, en décembre dernier, en faveur d’un amendement qui laisse le choix aux établissements scolaires. Les écoles, collèges et lycées pourront ainsi décider d’utiliser ou non les manuels dès la rentrée de mars 2025. Autre versant de cet amendement, les manuels alimentés par l’IA « rentrent dans la catégorie des supports pédagogiques complémentaires ». Pour l’opposition, les manuels scolaires doivent en effet être uniquement des ouvrages imprimés ou numériques sans apport de l’IA. Si bien que la stratégie de transformation numérique du système éducatif souffre aussi du contexte politique actuel difficile dans le pays.