Donnons-nous trop d’importance au diplôme ?

En cette fin d’année scolaire/universitaire il est intéressant de poser une question qui agite tous les acteurs de l’Éducation : donnons-nous trop d’importance au diplôme ? Quel est le rôle des employeurs dans ce phénomène ?

Dans notre précédent livre blanc nous en avions parlé, les entreprises ont leur responsabilité dans les phénomènes de skills gap. Pourquoi ?

Tout d’abord parce que comme l’illustre cette étude de la Commission européenne, il a été observé qu’une majorité d’employeurs demandaient de l’expérience aux nouveaux diplômés, trop d’expérience compte tenu de leur parcours d’apprenant.

Le problème est que parallèlement, en plus de cette demand d’expérience, nombre d’entreprises sélectionnent leurs candidats en fonction de leur diplôme. Ce n’est pas un secret mais cette pratique peut s’avérer destructrice, pour les jeunes diplômés comme pour les entreprises.

Pourquoi ?

  • Pour les entreprises, cela veut simplement dire passer à côté de talents et manquer de diversité intellectuelle et technique dans ses équipes. Cela illustre aussi qu’elles privilégient l’étiquette sur les skills.
  • Pour les jeunes diplômés, c’est bien plus grave. Chômage, perte de confiance, stress, perte de sens, sentiment d’injustice par rapport aux sortants d’”institutions d’élites” préférées par les entreprises.

Mais ce n’est pas tout. Juger sur le diplôme revient à juger sur … les notes des apprenants. Autrement dit, cela revient à créer encore plus de pression sur les épaules des étudiants lorsqu’ils passent leurs examens.

Cela revient à pousser les institutions à multiplier les examens, qui plus est des examens standardisés, qui n’auront aucun impact sur l’apprentissage, plutôt uniquement sur la moyenne, sur la qualité du dossier des apprenants qui auront un poids important pour leurs premières expériences professionnelles.

Ces examens standardisés sont un problème, nous l’avions expliqué. Eux, ont un réel impact, particulièrement négatif, sur les apprenants comme expliqué dans cette vidéo.


Comme l’explique Noam Chomsky, ces examens sont “une balle dans le pied pour les professeurs qui perdent toute opportunité de réellement comprendre le cycle d’apprentissage des étudiants, ce qui est l’objectif premier des évaluations”. Pire, Chomsky explique que la multiplication de ces examens sont un obstacle à la créativité des professeurs autant dans la pédagogie que dans la conception des examens. On arrive, selon lui, à “une perte de connexion entre professeurs, administration et étudiants”.

Attention, la tendance est clairement et rapidement en train de changer. Selon une étude de l’OFEM (Observatoire de la formation de l’emploi et des métiers de la chambre de commerce et d’industrie de Paris), si plus de 60% des grandes entreprises demandent l’obtention d’un bac +5 au minimum, plus de 70% des TPE et PME (parmis lesquelles les startups tech) demandent un bac +3 ou moins.

Du diplôme, on observe un pivot vers l’expérience et les skills (soft skills par exemple). Selon la même étude, 80% des entreprises interrogées considèrent l’alternance comme indispensable et 56% des entreprises l’ont déjà mise en place.

Selon Thomas Lesenechal, Directeur de Growth Tribe France, les entreprises ont leur part de responsabilité dans le digital skills gap, notamment en raison de problématiques de mauvais recrutement.

L’objectif de ces entreprises devrait être “d’embaucher des gens qui cherchent à monter en compétences. Et plutôt de n’avoir que des premiers de la classe, chercher des profils différents, n’étant pas tous d’écoles de commerce et ayant des profils plus atypiques et autonomes. C’est ainsi qu’on crée une cohésion et un apprentissage mutuel entre les collaborateurs.”

Découvrez notre podcast avec Thomas Lesenechal ci-dessous !

La gestion des compétences et des formations des apprenants n’est pas une mince affaire et nous sommes tous confrontés à ce challenge. Et vous ? Comment voyez-vous l’évolution du diplôme ? Comment gérez-vous vos formations ?

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Pour plus d’infos sur le sujet, nous vous proposons de jeter un oeil à notre livre blanc sur le skills gap !